Analyse-moi ça

Whisky-thérapie

Fred propose une thérapie aux amateurs de whisky courageux, tentés de s’éloigner de ce qui leur est familier pour pénétrer dans un autre monde fait de noix de muscade, de caramel, de massepain et même de champignons frits au beurre. Installez-vous bien dans le canapé et soyez attentifs.

Vous êtes un buveur de scotch cask strength («brut de fût») convaincu mais vous avez envie de verser deux doigts de bourbon dans votre petit verre de dégustation de la Société. Êtes-vous prêt à accomplir cette infidélité?

Siroter du bourbon… cela signifie-t-il trahir le scotch?

Devez-vous le cacher à vos amis et à votre famille de peur qu’ils ne vous jugent?

Permettez-moi de vous proposer une thérapie qui, je l’espère, vous aidera à ne plus vous sentir coupable. La première chose que vous devez savoir, c’est que ce n’est pas grave si vous ne voulez jamais goûter de whisky américain. En amour, la fidélité est essentielle. Mais, bon, ce n’est pas parce que vous vous autorisez une excursion au pays du New Charred Oak que vous trahissez votre amour authentique et exclusif pour le scotch.

Que vous buviez votre bourbon seul ou en bonne compagnie, c’est votre choix. Mais, d’après mon expérience, le plus souvent, les amateurs de scotch n’excluent pas les autres whiskies.

Après avoir traité les questions émotionnelles, examinons de plu près les caractéristiques fondamentales de notre palais.

Si vous aimez la tourbe, votre prédilection pour les arômes fumés trouvera son compte dans les produits Buffalo Trace, en particulier Rock Hill Farms, Elmer T Lee et George T Stagg. Riches en noix de muscade et caramel, ils représentent sans aucun doute le meilleur du whisky américain. En outre, ils offrent souvent un arrière-goût fumé et salé, parfait pour les amateurs du profil aromatique tourbeux de la Société.

Dans de nombreux bruts de fût des Highlands, j’ai trouvé que le miel était la saveur dominante. J’adore la sensation sucrée de cette saveur et la façon dont elle enveloppe ma langue comme un gant. Délicieux… Excusez-moi, je dois faire une petite pause pour savourer un dram au profil profond, riche et fruits secs…

Et voilà, je suis à nouveau avec vous.

Pour les amateurs d’arômes de miel et/ou de massepain, je recommande le Booker’s de Jim Beam, brut de fût de 6 à 7 ans d’âge, un délice aux notes à la fois riches et sucrées. Les notes de miel proviennent très certainement de fûts de chêne neufs carbonisés, la vanilline étant extraite du bois, tandis que la note de massepain est donnée par le benzaldéhyde (C6H5CHO) provenant de la fermentation et extraite du fût. Les lots 11 et 21 du Barrell Bourbon et le Gray Label 2018 de 15 ans d’âge sont également des boissons exceptionnelles pour les amateurs de miel et de massepain.

Les notes terreuses sont, selon moi, une autre bonne raison de devenir un buveur de bourbon.

Si vous aimez l’odeur de la bonne terre, son goût rustique et peut-être aussi les champignons frits au beurre, avec un fond sucré et épicé, les bruts de fût de Wild Turkey sont ce qu’il vous faut. Mais là il vous faut savoir une chose: le whisky brut de fût se déguste. En effet, les Turkey à faible teneur en alcool supportent la comparaison avec les Rare Breed et cask strength de la même maison.

J’espère que j’ai orienté votre palais sur les whiskies qui lui conviennent.

Pour clore cette séance de thérapie, examinons la méthode pour bien siroter votre bourbon.

Pour le scotch, les dégustateurs conseillent d’ajouter un peu d’eau. Pour l’ouvrir, disent-ils. Ils ajoutent que cela le rend plus complexe.

Vous pouvez bien sûr essayer cela avec le bourbon.

Mais, à mon goût, si l’ajout d’eau améliore souvent la dégustation des scotches, il diminue considérablement la perception des saveurs des produits brut de fût.

Cela dit, buvez-le comme bon vous semble. N’oubliez pas de bien faire attention à la façon dont le bourbon frappe votre palais par rapport au scotch. Une fois que vous le sentirez sur la langue, vous vous vous rendrez compte qu’il s’agit d’un cousin pas si éloigné.

J’espère que cette séance de thérapie à base de whisky vous aura été utile. Voilà, c’est fini.

Vous me réglez la séance en liquide ou dois-je passer par votre assurance?